Le Bureau du cinéma ancré dans une tradition

Sous le terme un peu administratif de Bureau du cinéma Lubéron Vaucluse se cache une toute petite équipe de professionnels passionnée par le cinéma et la vie du territoire. Créée en 2001, cette association située à Apt, membre de la Commission nationale du film France, est maintenant liée à la vingtaine de tournages qui ont lieu chaque année dans la région. Sa mission est double, accueillir et aider les productions, valorisant ainsi le territoire et accompagner les programmes de sensibilisation à l’image, auprès du jeune public principalement.
Le premier aspect est peut être plus connu, du moins pour ceux qui suivent l’actualité des tournages. Grâce à ses repérages permanents et sa fine connaissance des réseaux locaux, le Bureau du cinéma est un intermédiaire précieux pour les équipes de production. Il déniche vieille ferme ou château, propose les techniciens, réunit les figurants, organise l’hébergement et facilite en permanence le travail technique et administratif. Ainsi le film de Ridley Scott, Une grande année, tourné dans différents lieux du Lubéron, aura été un nouveau défi pour les responsables du Bureau confrontés aux méthodes du cinéma américain, à des équipes d’assistants et de techniciens trois fois plus importantes, à l’urgence aussi.
Ce rôle d’intermédiaire, de lieu relai, cette structure le joue aussi sur un autre plan, culturel celui-ci, pour répondre à sa seconde vocation. Si un enseignant veut mettre en place un projet pédagogique autour d’un film, l’équipe d’Apt le dirigera et l’accompagnera vers les bons interlocuteurs, que ce soit un dispositif mis en place par l’Education nationale ou une association qui développe des ateliers spécifiques de sensibilisation à l’image.
« Cette mission culturelle est très importante pour nous, confie Marie-Laure Pessemesse, la directrice, nous sommes assaillis par l’image, la publicité et nous avons besoin de développer l’esprit critique des enfants. Et il faut savoir à qui s’adresser dans le dédale des dispositifs et des lieux. »
Le Bureau a établi une cartographie du Vaucluse en matière de ressources liées au cinéma : festivals, associations, producteurs, exploitants de salle. Autant d’interlocuteurs potentiels pour toute personne porteuse d’un projet. Un fonds documentaire propose aussi affiches, livres, matériel sur les films comme des plans de travail réalisé à la main, des scénarios ou des découpages. Toutes ces richesses ne sont pas là par hasard. Le Vaucluse et la région Paca possèdent une longue histoire cinématographique. Il suffit pour le comprendre de lire l’ouvrage de Jean Fléchet, auteur et réalisateur très investi dans la région, qui raconte « Cent ans de cinéma loin de Paris »*, Pour Marie-Laure Pessemesse, cette passion pour le cinéma commence dans l’enfance, en voyant toutes sortes de films, hors des catégories d’âge : « Les enfants peuvent appréhender un film avec leur émotion parce qu’ils vont reconnaître un village, une rue. Les pistes pédagogiques deviennent alors évidentes, hors de toutes recettes. »
Un point inquiétant cependant, cette mission passionnante reste difficile à mener pleinement car elle nécessite des moyens et des personnes. L’industrie et la culture se rejoignent ici sur les traces d’une mémoire forte. Un compagnonnage qui demande à être soutenu et reconnu.


Cécile Mozziconacci, n°2, février 2007

* Jean Fléchet, Ciné Vaucluse, champs et hors champs, 100 ans de cinéma hors de Paris, Dolfin éditions, 2003