Ciné non stop à Saint-Paul-Trois-Châteaux

La fièvre du petit écran va s’emparer des Tricastins de 7 à 77 ans durant une semaine : nuit du court métrage, soirées consacrées aux longs métrages, séances scolaires : une vraie boulimie d’images!
Pour sa vingt troisième édition, le Festival propose un autre regard sur le monde, sur les peuples et leurs cultures, à travers les découvertes faites par l‘équipe, à l’affût tout au long de l’année (qui à Cannes, qui à Clermont pour les courts métrages, qui à St Paul en visionnant les films directement envoyés par réalisateurs…). En parallèle, le travail des différents jurys de la compétition des courts métrages participe à la découverte et à la reconnaissance des jeunes réalisateurs de talent.
En ouverture, le 9 octobre, traditionnelle nuit du court métrage : quatre heures trente de projection et 15 films à voir, dont cinq couverts de lauriers. Du mercredi au samedi, trente cinq courts métrages en compétition seront projetés, en journée pour les jurys, le soir pour le public entre 18 et 21h à la médiathèque : 20 docu-fictions et 15 films d’animation, tous des nouveautés.
A partir de Dimanche, tous les soirs, deux longs métrages seront projetés à 18 et à 21 h. Congo, Argentine, Corée : on va voyager, pas pour le dépaysement touristique mais pour voir comment on vit ailleurs. Avec les musiciens congolais de « Benda Bilili », plein d’entrain et de vie, juchés sur leurs engins roulants bricolés -puisqu’ils sont tous privés de l’usage de leurs jambes,- autrefois vivant dans la rue et, aujourd’hui, improbables stars en tournée européenne. Avec « Poétry », on rencontrera une vieille dame coréenne, bousculée par la vie et qui va découvrir la poésie pour résister au réel. Et puis, des histoires de liberté, de sans papiers, de sans emplois, de gens qui « n’ont pas de place » dans le monde… et, qui pourtant se battent, cherchent et sont bien vivants.
Concrètement, le festival est convivial : on peut y un boire un verre, y manger un bout entre deux projections, prendre le temps de discuter avec ses voisins de projection, parfois avec les réalisateurs des films, mais attention, la salle est petite : 159 places et souvent comble. Pensez à réserver vos places si vous ne voulez pas avoir de déconvenue. Tenez-vous au courant des dates et des heures de projection, quelques jours à l’avance : il peut y avoir des changements liés à la venue possible de tel ou tel réalisateur.
Et pendant que se déroule le festival des adultes, 2000 scolaires, de la maternelle au lycée, font eux aussi leur festival, en journée …

Anne Simonet-Avril, septembre 2010

"Ce soir je dors chez toi", de Olivier Barroux


En mars dernier, une partie du long métrage d’Olivier Baroux (du célèbre duo comique Kad et Olivier) s’est tourné aux alentours de Gordes et Roussillon. Comédie romantique mettant en scène Mélanie Doutey (incarnant à la télévision Clara Sheller, une trentenaire à la recherche de l’homme idéal), Jean-Paul Rouve et Kad Mérard, ce sera le premier long métrage d’Olivier Barroux en tant que réalisateur.

Alex aime Laetitia. Laetitia a 30 ans. Elle est belle, drôle, effervescente, solaire. Laetitia aime Alex. Il sait que c’est la femme de sa vie, qu’elle sera la mère de ses enfants. Il sait qu’il l’aimera jusqu’à la fin. Mais Alex préfère quand même qu’elle reste bien chez elle... «La vie à deux : oui ! Mais pas dans le même appartement...»

Le Bureau du cinéma est intervenu sur ce film à plusieurs niveaux. En amont, il a effectué les recherches de décors. Puis, pour le tournage des prises de vue en hélicoptère des acteurs principaux roulant dans une voiture décapotable, il s’est chargé de la demande d’autorisation de tournage auprès de la Direction départementale de l’équipement, la scène nécessitant la déviation d’une partie de la route départementale allant de Gordes à Roussillon.
L’équipe de tournage constituée de 40 personnes est restée 15 jours sur le département. Là encore, le Bureau du cinéma a trouvé les hébergements et les prestataires qui ont assuré la restauration.
Le tournage nécessitant des techniciens supplémentaires, le Bureau en a fourni cinq grâce à son réseau de personnes ressources sur le département.
Rappelons que le Bureau du cinéma Luberon Vaucluse propose ses services gratuitement à toute production cinématographique ou audiovisuelle française ou étrangère, le bénéfice se comptant en retombées économiques générées sur le département de Vaucluse.

Olivia Gazzano, n°9, novembre/décembre 2007

Une Grande année : un « petit film » à l’américaine



« On nous avait annoncé un petit film », s’amuse Rémi Bergman, le directeur de production de Une Grande année missionné pour réguler les relations entre les Français et les Américains sur le film que Ridley Scott a tourné dans le Lubéron. L’ampleur de ce tournage n’a cessé de surprendre l’équipe française pour qui petit film rime avec « bricolage », éclairé certes, mais beaucoup plus intime.
On connaît l’intrigue. Max Skinner (Russell Crowe), trader cynique règne en loup sur une city londonienne survoltée avant de découvrir la civilisation dans le Luberon où il passait ses vacances, enfant. Il renonce à vendre la magnifique bastide dont il a hérité et retrouve un amour de jeunesse à la beauté triste, Fanny (Marion Cotillard) qui lui fera rendre ses dernières armes.
Le cinéaste de Blade Runner souhaitait peut être se détendre avec une petite pochade. Il se sera aussi attiré les foudres d’une critique unanimement et mondialement irritée contre sa comédie
Personne ou presque ne lui fait grâce d’avoir voulu troquer les effets spéciaux et les narrations fantastiques de ses grands films contre cette ode à une dolce vita en Lubéron. Les vues splendides de la Provence paraissent trop idylliques pour être vraies. La belle bâtisse de la Canorgue dont hérite Max, est baignée d’une lumière qui serait trop dorée. Notons au passage que la plupart des comédies qui se déroulent à Paris situent leurs personnages dans de magnifiques appartements sans que personne ne s’en offusque…
Doit-on reprocher à Ridley Scott de ne pas être Robert Guédijian ? En lieu des stéréotypes dénoncés , ne peut-on y voir des clins d’œils amusés à ces clichés ? Et si les situations et les personnages semblent attendus, n’est-ce pas aussi une broderie de références, certes parfois appuyés, aux grands standards de la comédie américaine ?
La rencontre entre deux mode d’être et deux approches du cinéma peut être complexe. Souhaitons que l’accueil fait à Une grande année n’influence pas défavorablement de futurs tournages anglais ou américains en Provence, comme s’interroge Rémi Bergman. Si un film essuie un échec, les réalisateurs et producteurs risquent de renoncer aux lieux où il a été tourné… Lorsque l’on connaît l’importance des retombées économiques des films réalisés dans la région, on comprend combien cela pourrait être dommageable.


Cécile Mozziconacci, n°2, février 2007

Le Bureau du cinéma ancré dans une tradition

Sous le terme un peu administratif de Bureau du cinéma Lubéron Vaucluse se cache une toute petite équipe de professionnels passionnée par le cinéma et la vie du territoire. Créée en 2001, cette association située à Apt, membre de la Commission nationale du film France, est maintenant liée à la vingtaine de tournages qui ont lieu chaque année dans la région. Sa mission est double, accueillir et aider les productions, valorisant ainsi le territoire et accompagner les programmes de sensibilisation à l’image, auprès du jeune public principalement.
Le premier aspect est peut être plus connu, du moins pour ceux qui suivent l’actualité des tournages. Grâce à ses repérages permanents et sa fine connaissance des réseaux locaux, le Bureau du cinéma est un intermédiaire précieux pour les équipes de production. Il déniche vieille ferme ou château, propose les techniciens, réunit les figurants, organise l’hébergement et facilite en permanence le travail technique et administratif. Ainsi le film de Ridley Scott, Une grande année, tourné dans différents lieux du Lubéron, aura été un nouveau défi pour les responsables du Bureau confrontés aux méthodes du cinéma américain, à des équipes d’assistants et de techniciens trois fois plus importantes, à l’urgence aussi.
Ce rôle d’intermédiaire, de lieu relai, cette structure le joue aussi sur un autre plan, culturel celui-ci, pour répondre à sa seconde vocation. Si un enseignant veut mettre en place un projet pédagogique autour d’un film, l’équipe d’Apt le dirigera et l’accompagnera vers les bons interlocuteurs, que ce soit un dispositif mis en place par l’Education nationale ou une association qui développe des ateliers spécifiques de sensibilisation à l’image.
« Cette mission culturelle est très importante pour nous, confie Marie-Laure Pessemesse, la directrice, nous sommes assaillis par l’image, la publicité et nous avons besoin de développer l’esprit critique des enfants. Et il faut savoir à qui s’adresser dans le dédale des dispositifs et des lieux. »
Le Bureau a établi une cartographie du Vaucluse en matière de ressources liées au cinéma : festivals, associations, producteurs, exploitants de salle. Autant d’interlocuteurs potentiels pour toute personne porteuse d’un projet. Un fonds documentaire propose aussi affiches, livres, matériel sur les films comme des plans de travail réalisé à la main, des scénarios ou des découpages. Toutes ces richesses ne sont pas là par hasard. Le Vaucluse et la région Paca possèdent une longue histoire cinématographique. Il suffit pour le comprendre de lire l’ouvrage de Jean Fléchet, auteur et réalisateur très investi dans la région, qui raconte « Cent ans de cinéma loin de Paris »*, Pour Marie-Laure Pessemesse, cette passion pour le cinéma commence dans l’enfance, en voyant toutes sortes de films, hors des catégories d’âge : « Les enfants peuvent appréhender un film avec leur émotion parce qu’ils vont reconnaître un village, une rue. Les pistes pédagogiques deviennent alors évidentes, hors de toutes recettes. »
Un point inquiétant cependant, cette mission passionnante reste difficile à mener pleinement car elle nécessite des moyens et des personnes. L’industrie et la culture se rejoignent ici sur les traces d’une mémoire forte. Un compagnonnage qui demande à être soutenu et reconnu.


Cécile Mozziconacci, n°2, février 2007

* Jean Fléchet, Ciné Vaucluse, champs et hors champs, 100 ans de cinéma hors de Paris, Dolfin éditions, 2003